vendredi 22 mai 2009

Da Mimmo: Naples en un coup de menton

Il existe des restaurants où l'on se sent accueilli par une maîtresse de maison. Je me souviens d'un mas provençal, dont l'intérieur était rempli de petites touches d'attention enveloppantes: des jeunes pousses de blé mises dans un pot sur chaque table, pour fêter la nouvelle année, un feu crépitant dans une vieille cheminée, des couverts, des serviettes, des verres en harmonie de beiges et blancs. On sentait immédiatement qu'un esprit maternel arrangeait et pensait la salle, prenant par la main les clients ravis, traités comme des vieux amis de passage, s'abandonnant aux plaisirs d'une soirée bercée de bons plats et vins.

Rien de tel chez Da Mimmo. Dans cette trattoria napolitaine, l'esprit est résolument masculin. La devanture très anonyme donne directement sur les embouteillages du boulevard Magenta. Dans sa salle carrée, des tables alignées au cordeau, des nappes à carreaux rouges et blancs, du verre catégorie incassable, des solides couverts en inox de cantine. Aucun effort de décoration autre qu'un service minimum pour vaguement italianiser l'intérieur: Fernandel en noir et blanc se goinfrant de pâtes, quelques cadres de type Actor's studio sur des murs vaguement repeints en jaune. L'accueil est viril: on reçoit torse bombé, regard clair. Un bonjour, un coup de menton pour indiquer que la réservation est bien prise en compte, puis direction la table.

La trattoria a du succès - ce samedi soir là, toutes les tables étaient prises par une clientèle animée, bruyante, en partie italienne, en grande majorité du quartier. Les deux serveurs assurent. La cinquantaine burinée, ils tracent lentement leur route à travers les tables, indifférents aux regards fixes et insistants de certains clients demandant, main levée depuis cinq bonne minutes, qui une carafe d'eau, qui un menu. Il y a des priorités dans la vie, non mais: par exemple, saluer un habitué d'une accolade et d'une claque sonore sur l'épaule, et prendre de ses nouvelles.

Une fois obtenue, la carte est relativement courte, avec une offre très classique de pizzas et de pâtes, et ne s'embarasse pas de descriptions fleuries, c'est mieux comme ca. Les propositions hors de la carte, crayonnées sur un tableau noir sont alléchantes: bar grillé, pâtes aux langoustines, à la truffe noire... Notre oeil s'attarde également sur le bar à antipasti trônant au milieu de la pièce, d'une variété rare.

La cuisine est vraiment à la hauteur de l'esprit du lieu : forte, colorée, avec d'excellents produits de base. Une assiette d'antipasti allant largement au delà des sempiternels artichauds, tomates séchées et aubergines. Des spaghettis à l'amatriciana avec de la vraie poitrine de porc grillée, des tomates fraiches et des tomates en conserve. Un risotto aux cèpes et grandes langoustines magnifique de texture onctueuse et de profondeur de goût. Le tout servi dans des portions proprement gargantuesques: nous avons dû nous avouer vaincus, et, le souffle court, demander l'addition devant des assiettes non finies, sans passer par les desserts. Serait-ce le signe secret d'une nécessaire reddition, les virilités devant s'étalonner et les locaux l'emporter? En nous raccompagnant vers la sortie, le visage du serveur s'est soudain éclairé: un sourire franc, une poignée de main d'acier: nous avons le droit de revenir chez Da Mimmo, et nous y reviendrons.

Et la prochaine fois, je finirai entrée, plat et dessert.

Addition: de 40€ à 50€ par personne (partager une assiette d'antipasti, puis pâtes entre 20€ et 35€)

Da Mimmo
39, boulevard de Magenta
Paris 10ème
01 42 06 44 47

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