dimanche 21 février 2010

Le Père Claude: La viande tranquille

En ces tristes semaines où l'hiver semble s'étirer dans une longue traînée d'humidité glacée, il faut résister à la tentation de midi, celle de s'envoyer 300 grammes d'entrecôte XXL sauce béarnaise anonyme sur un lit de frites industrielles, à cette promesse d'une satisfaction facile, d'une douce somnolence digestive ponctuée de légers reflux gastro-oesophagiques à étouffer discrètement tandis que l'on fixe, sans le voir, l'écran de son ordinateur, de retour dans la chaleur des open spaces.

"Plaquez tout pour de beaux morceaux", nous proclament pourtant depuis quelques semaines des rugueux de l'équipe de France, crayonnés de trois quart, avant-bras d'acier croisés sur torses sur-gonflés, regards droits et cous épais: les affiches de l'hippopotamus du bas du bureau ne font décidément pas dans la finesse, et nous replâtrent à grand coups de truelles une association bien connue, celle de la barbaque bien saignante, et de la virilité.

S'il faut manger de la viande, entrons donc en résistance. A l'agressivité marketing toute en muscles, nous opposerons la rondeur du notable, à la viande saisie et violemment brûlée par le gril, la flamme de la broche qui préserve les sucs et la tendresse des chairs. Plutôt que de s'empiffrer un midi dans le cadre aseptisé d'un franchisé de banlieue, nous attendrons sagement le soir, le temps de marcher lentement le long des trottoirs déserts bordant l'UNESCO avant d'entrer dans un établissement d'angle, brasserie cossue, promoteur à succès de la bonne viande: le Père Claude.

On y est accueilli par la chaleur de la broche, les clients, hommes d'affaire, habitués du quartier, s'installent tranquillement dans la salle confortable toute en tons beiges. Une atmosphère bonhomme règne, à l'image de plats tout simples, s'appuyant plus sur la qualité de la viande et la justesse de la cuisson que sur des préparations élaborées. Nous avons pu profiter d'une terrine de langue de veau sauce ravigote, puis, surtout, de la rôtisserie: poulet entier, carré d'agneau, andouillette, côte de boeuf: autant de pièces parfaitement cuites, savoureuses qui, accompagnées de purée et d'un saint-joseph, dessinent les contours des repas comme on les aime, antidotes à la déprime les soirs d'hiver: généreux, simples et réconfortants.

Addition: 50€ par personne

Le Père Claude
51, avenue de la Motte Piquet
Paris 15ème
01 47 34 03 05

4 commentaires:

  1. Anonyme22/2/10

    Pour résister à l'envie de s'envoyer 300 g d'entrecôte XXL, et sans vouloir jouer les rabat-joie, je ne saurais que trop recommander la lecture du dernier numéro de Terra eco !
    Sinon, Syvain, tout cela est très allèchant, mais ça fait longtemps que tu ne nous a pas dégoté une belle petite adresse à 30 euros par tête de pipe.

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  2. Attention je suis éco-conscient! Au père claude on peut prendre du poulet roti à la broche et non sa dose de viande rouge...

    30 euros à Paris, ca devient de plus en plus difficile... vraiment...

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  3. Anonyme24/2/10

    Quand je dis ça à mes collègues parisiens, ils me rient au nez. Allons Sylvain, un petit effort. 35 euros ?
    Julius

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  4. OK je promets de faire un effort (et ça sera radical...) Affaire à suivre dans un prochain billet... Mais honnêtement, de bons bistrots à 30 euros par tête, vin compris, pour moi ça ne court pas les rues: je suis à l'affût de bons plans dans cette catégorie, donc n'hésite pas à donner des noms!

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